MINISTÈRE A.M.E.R. ("95200") Olympia 2014 : compte rendu
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MINISTÈRE A.M.E.R. ("95200") Olympia 2014 : compte rendu
Concert unique de MINISTÈRE A.M.E.R.
spécial « Les 20 ans de l’album “95200” »
le lundi 22 septembre 2014 à l’OLYMPIA (Paris).
Places en vente entre autres sur ce lien :
http://www.olympiahall.com/hip-hop-reggae/ministere-a-m-e-r.html
•••••••••••••••••••••••••
• Interview radiophonique de STOMY BUGSY et PASSI (juin 2014) :
https://www.youtube.com/watch?v=uHMZm-Ehs-M
• Interviewé par JEAN-PIERRE SECK,
le rapper DRIVER parle de MINISTERE A.M.E.R. :
https://www.youtube.com/watch?v=UKzWbKV8aCk
• Interview de STOMY BUGSY, PASSI et DJ GHETCH
par BOOSKA-P en mai 2014 à Cannes :
https://www.youtube.com/watch?v=tqlfemskdLc
• Interview de KENZY en 2007
par “GET BUSY” :
https://www.youtube.com/watch?v=ifo0-M_rhEQ
• Thomas Ngijol et Fabrice Eboué
parlent du MINISTÈRE A.M.E.R. :
https://www.youtube.com/watch?v=dH1nnII3dPc
• Fin septembre 2014,
un long compte rendu détaillé de ce futur concert à l’Olympia
sera en ligne sur le site
http://lachanteusemariefrance.fr.gd/
Dernière édition par GUIBERT FRANCOIS le Lun 27 Oct - 0:42, édité 1 fois
GUIBERT FRANCOIS
Re: MINISTÈRE A.M.E.R. ("95200") Olympia 2014 : compte rendu
Même lorsqu’on n’écoute jamais de rap music, l’album “95200” (1994) du Ministère A.M.E.R. est sans aucun doute le disque le plus sauvage, incontrôlable et rebelle du hip hop français.
C’est carrément beaucoup plus punk (dans l’esprit) que la punk music, tout en étant hyper construit, précis et imparable (musicalement, dans les textes et les phrasés). Sa version live va être immanquable à voir.
Cela aura lieu une seule fois, le 22 septembre 2014 à l’Olympia, et ça va être un moment anthologique de la musique de jeunes. Ça va être quelque chose d’incroyable et qui risque de ne plus se reproduire dans l’univers hip hop d’ici. Dans le sens où ça va être explosif sur scène.
Donc voilà, ne pas hésiter à débourser 35 à 45 € (les places à 50 € sont complètes) pour voir ce concert unique, le groupe se reformant spécialement pour cette date.
François Guibert
(12 juillet 2014)
http://www.olympiahall.com/hip-hop-reggae/ministere-a-m-e-r.html
GUIBERT FRANCOIS
Re: MINISTÈRE A.M.E.R. ("95200") Olympia 2014 : compte rendu
Nouvelle page spéciale inédite
« Compte rendu détaillé du concert spécial les 20 ans de l'album “95200”
du MINISTERE Ä.M.E.R. (Stomy Bugsy & Passi)
le 22 septembre 2014 à L'OLYMPIA (Paris) »
en ligne sur ce lien (à copier-coller) :
http://lachanteusemariefrance.fr.gd/Concert-%AB-Les-20-ans-de-l-h-album--g-95200-g--%BB-de-MINISTERE-A-.-M-.-E-.-R--k1-Stomy-Bugsy-et-Passi-k2--le-22-septembre-2014-a-l-h-OLYMPIA--k1-Paris-k2---d--compte-rendu-.-.htm
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Ministère Ä.M.E.R.
(Stomy Bugsy & Passi)
Concert spécial « Les 20 ans de l’album “95200” »
le 22 septembre 2014 à L’OLYMPIA (Paris) :
« On a commencé tout ce bordel, cet amour, cette rage, cette colère en 1987. (...) On a vraiment voulu axer ce concert sur le Ministère Ä.M.E.R. parce que c’est tellement rare, les concerts du Ministère. »
(© Stomy Bugsy sur la scène de l’Olympia)
« Très vite, on a voulu militer. On aime le rap, le hip hop, alors on a voulu parler de ce qui se passait dans nos quartiers. De ce qu’on voyait, de ce qu’on avait comme rêves. On a gueulé des injustices parce qu’on ne trouvait pas ça normal. Vous savez comment ça se passe chez nous : on fait quand même, on s’en bat les couilles, on y va. Malgré les galères, on avance. »
(© Passi, idem)
À 21h, l’enregistrement des voix de Kenzy puis Hamed Daye (absents ce soir) est balancé dans la sonorisation : “Prélude au réveil”. Un prologue tranquille et idéal à une émeute artistique, textuelle et musicale, ce soir sur la scène de l’Olympia.
Au même moment, sur l’écran géant, apparaissent les mots “95200”, “Garges-Sarcelles”, “Le savoir est une arme”, “Passi”, “Stomy”, “Ministère”, “Ä.M.E.R.”. Ils défilent les uns après les autres, dans tous les sens, dans une animation 3D mégatop scotchante.
Une solide formation live entoure Passi et Stomy : aux platines, samples, scratches et sons massifs divers, les “hommes de main” DJs Lord Issa et Guetch. Ainsi que Iso Diop (guitariste ayant accompagné Les Rita Mitsouko en tournée au début des années 2000), un batteur et un bassiste.
Ensemble, pour une date unique, ils forment un vrai groupe à l’esprit rock roll comme on aime. Avec un son funk carré et électrique, bien percutant. Qui reproduit nickel chrome en live l’ambiance musicale de l’album “95200”.
Sur les deux heures vingt de show, cent cinq minutes seront à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer (1) :
• “Prélude au réveil”
• “Plus vite que les balles”
• “Garde à vue”
• “Nègres de la pègre” (avec Karl The Voice)
• “Un été à la cité”
• “Traîtres”
• “J’ai fait un rêve”
• “Les rates aiment les lascars”
• “Brigitte femme 2…” (avec Karl The Voice)
et son binôme “Brigitte (femme de flic)”
• “Pas venu en touriste”
(avec en invité un jeune rapper, Youssoupha,
à la place de Hamed Daye dans la version studio)
• Un medley impro freestyle façon Radio Nova de Stomy et Passi
• “Le savoir”
• “Chap. II”
• “Flirt avec le meurtre”.
• Et en tout dernier titre, “Sacrifice de poulets”.
(ci-dessus, sont cités uniquement, dans l'ordre de passage,
les moments forts et réussis du concert)
D’un point de vue artistique et conceptuel, le tandem Stomy/Sonof pour “Mon papa à moi est un gangster” sort du cadre “95200”. Même si au niveau symbolique, le père et le fils partagent ensemble un moment fraternel très fort. D’autant que c’est la première fois que Sonof se produit en concert.
Il faut faire abstraction de la participation des autres membres du Secteur Ä lors du fastidieux rappel (avant l’ultime titre solide, “Sacrifice de poulets”, de nouveau 100 % M.Ä, avec un Stomy en chant lead chouettement fougueux).
Chose incompréhensible en tant que novice : les moments où le public devient totalement dingo, d’un bout à l’autre de la salle, seront d’abord “Les flammes du mal”. Il s'agit d'un titre de la carrière solo de Passi, doté d’un instrumental moyen et doucereux. Suivi de “Mon papa à moi est un gangster”.
Et surtout, lors du rappel, l'épuisant medley zouk ragga dancehall où intervient une dizaine de rappers du Secteur Ä. Carrément rien à voir avec l’album “95200” (à part le fait qu'ils viennent de la même ville) !
Donc, voilà, les Neg’ Marrons, Ärsenik et d’autres monopolisent l’attention, avec l’accord délibéré de Stomy et Passi, durant vingt minutes interminables. Or, on ne vient pas du tout pour eux. On vient voir uniquement le Ministère chanter et rapper son propre répertoire.
Et pourtant, la salle est en délire durant la prestation des Copains de Passi et Stomy. Presque comme si elle préférait ce pot-pourri youplaboum aux titres sensationnels et puissants de “95200” et de “Pourquoi tant de haine ?”, qui ont précédé cette ambiance de fête foraine. Même si l’audience était quand même réactive dès “Prélude au réveil” — mais pas autant.
Chacun des deux mille spectateurs connaît visiblement par cœur chacun des titres interprétés par ces invités faisant partie du Secteur. Hormis l’auteur de ces lignes (jamais entendu auparavant une seule de ces chansons — à part l’inédit “Combien on est ?”, ici à moitié loupé car visiblement peu répété par les uns et les autres tous ensemble).
Impressions personnelles : un ennui profond et total. Aucune émotion ressentie durant cette vingtaine de minutes.
Vite, que tous les invités arrêtent d'occuper les planches et retournent dès que possible dans la coulisse. Pour qu’il n’y ait de nouveau que Stomy et Passi en leaders. Ceux-ci, enfin, reviendront à l’avant de la scène pour le “Sacrifice de poulets” final.
Vision d’un dingofan de rock roll (et de pop’n’roll, chanson, variété française) : comme en 1994 (ou n’importe quelle autre année depuis 1987, date de sa création), le Ministère 2014 demeure le pendant rap de La Souris Déglinguée. La comparaison est évidente et justifiée.
Ainsi, sous le nom de l’Ä.M.E.R. (et donc pas dans leurs carrières solo à succès), Stomy et Passi n’ont jamais été réellement reconnus par un large public. Comme le gang de Tai Luc, Rikko, Muzo, Cambouis (ainsi que Jean-Pierre et Jean-Claude). Qui, d’ailleurs, fêtera ses 35 ans sur cette même scène le 9 mai 2015. Et qui, de 1988 à 1997, a eu la même maison de disques que le M.Ä : Musidisc.
Sans oublier de 1981 à 1984, après le set de l'Opéra Night, une interdiction (de la part de la préfecture de Paris) pour LSD de se produire à Paris en concert.
Dans les années 1990, le M.Ä. a eu lui aussi des concerts interdits ou annulés, etc. Et les disques du M.Ä ne vont toujours guère plus au-delà du cercle des initiés, des convaincus ou des (c’est mon cas) fraîchement convertis.
Les chansons des albums “Pourquoi tant de haine ?” et “95200”ont la même pertinence cinglante actuellement que lors de leur parution. Sur scène comme sur les Compacts Discs Lasers, il se dégage d’elles une incroyable violence créative et frondeuse.
En les découvrant en 2014, on comprend à quel point ces albums ont un état d’esprit rock’n’roll. Ils sont plus rebelles, sauvages et incontrôlables que les disques de punk music internationale (The Clash, Sex Pistols & co inclus). (2)
Feeling français indéniable : les morceaux du Ministère possèdent sans le savoir le souffle d’énergie constructive que La Souris ou Oberkampf (“Couleurs sur Paris”).
Tout comme bien d’autres groupes rock d'ici, c’est la même attitude rebelle et sincère. Avec une même hargne positive et l’envie d’aller de l’avant, de faire de la musique en dégageant quelque chose de très fort.
L’envie de ne pas se laisser faire. Et de faire des choses concrètes et positives dans sa vie et de sa vie. Ça parle direct au cerveau, aux sensations, au cœur, spontanément et pour de vrai.
Les Américains ont eu Public Enemy comme groupe de rap numéro 1 militant et majeur. En France, de la même façon, il est clair que le Ministère Ä.M.E.R représentait les espoirs, la rage, le dynamisme, la fureur d'une partie de la jeunesse.
Tout cela, on le ressent durant l’écoute de leurs disques et lors de ce concert-électrochoc à l’Olympia. Du rap conscient Energy 3000. C’est-à-dire par (et pour) des vrais bonhommes.
Après, il est légitime de ne pas approuver tels verbes, adjectifs ou surnoms dans la manière dont Stomy décrit en détail ses conquêtes féminines dans trois de leurs chansons. C'est-à-dire “Brigitte femme de flic”, le début du troisième couplet de “Les rates aiment les lascars”. Et la fin du troisième couplet de “Pas venu en touriste”.
Dans leurs textes, leur côté Public Enemy (“Nègres de la pègre”, justement, mais d’autres couplets) est beaucoup plus intéressant et instructif : “Plus vite que les balles”, “Le savoir”, “Garde à vue”, “Flirt avec le meurtre”, “Un été à la cité”, etc.
C’est lorsqu’ils décrivent des situations sociales, leur quotidien urbain des années 1980/1990 à Sarcelles, Garges, Paris ou ailleurs, que Passi et le Stom’ sont intéressants dans leurs propos. Pas quand ils racontent leur vie sentimentale.
Sur la scène de l’Olympia, le duo rappe aussi bien que sur les versions studio. Pass’ et Stom’ reprennent tous les détails vocaux, les onomatopées, les emballements oraux d’un vers à l’autre, qui figurent sur leurs disques. Ou encore la façon speedos, sans bafouiller, dont ils épellent certains mots ou leurs noms.
Très important : il y a de l’humour, de la vannerie à tous les étages. Des clins d’œil textuels entre eux concernant leur passif commun de jeunes agités dans tous les sens. Ou bien vis-à-vis des autres groupes de leur génération. Mais dans un bon esprit chambreur, pas dans une mentalité de conflit physique.
Chaque chanson interprétée ce soir est un moment anthologique. Par exemple, “J’ai fait un rêve” est réadaptée ici en une sorte de soul hardcore et urbaine, avec une vraie mélodie.
“Flirt avec le meurtre” est une tuerie textuelle et musicale où le Stomy se déchaîne, tel un diablotin frénétique, donnant tout ce qu’il a. Comme s’il était un boxeur et qu’il luttait de toutes ses forces face à un autre mégacostaud.
Comme Rockin’ Squat et Solo d’Assassin, Stomy et Passi sont des rappers qui intéresseront n’importe quel fan
(de tout âge) de rock’n’roll dynamique et éternel. Par leur propos, la pertinence de leurs textes. La façon dont ils
les scandent, dont ils jouent avec les mots. Tout en disant à chaque vers des choses concrètes, que l’on capte illico et qui touche l’auditeur.
Stomy Bugsy et Passi ensemble, avec leurs DJs Guetch (3) et Lord Issa, plus leurs musiciens d’un soir, ça n’a rien
à voir avec le rap habituel et normal.
Avec le Ministère, on est dans une autre dimension du hip hop hexagonal : volcanique et explosive. Ils envoient des vibrations testostéronés mais de manière épatante, différente de leurs confrères.
Les chansons 100 % Ministère Ä.M.E.R. jouées lors de ce concert possèdent un incroyable feeling punk, système D, alternatif, “fais-le toi-même”. Le tout avec un son travaillé, malin et accrocheur.
Un son rèche, brut et captivant, que l'on ne retrouve pas dans “Les flammes du mal” et “Mon papa à moi...” (en live ce soir comme dans leurs versions studio).
Comme l’a déclaré Stomy dans une interview vidéo sur l'internet, « “95200”, c’est un album fait par des mecs qui n’avaient même pas 50 francs en poche ».
François “95350” Guibert
(26 octobre 2014)
(1) : en tant que sympathisant et appréciateur du Ministère ayant découvert l’album “95200” le 31 mai 2014 (via l’émission de télé “Clique” diffusée ce jour-là sur Canal +).
(2) : idem pour les treize morceaux de l’opus “Le futur, que nous réserve-t-il ?” d’Assassin (la formation 1993 : Rockin’ Squat, Solo, DJ Clyde et le batteur Doctor L.).
(3) : créateur-concepteur, entre autres titres, de l’instrumental terrible rap funk’n’roll “Plus vite que les balles”.
GUIBERT FRANCOIS
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