INXS 11/12/11 Bataclan (Paris) : compte rendu
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INXS 11/12/11 Bataclan (Paris) : compte rendu
• Page spéciale
avec compte rendu détaillé
(+ vingt vidéos live filmées ce soir là,
avec un son correct et une bonne image
+ photos de ce concert)
« LES INXS le 11 décembre 2011
au BATACLAN (Paris) »
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INXS
(ANDREW FARRISS,
JON FARRISS,
TIM FARRISS,
KIRK PENGILLY,
GARRY GARY BEERS,
CIARAN GRIBBIN)
Dimanche 11 décembre 2011
au BATACLAN (Paris) :
21h10, en quelques secondes, le noir se fait dans la salle. D’un seul coup, les lettres géantes I N X S en fond de scène s’éclairent d’un bleu tendance vert étincelant flashy : ça le fait à fond !
L’intro (avec des samples de voix de personnes) de “Communication”, titre à l’ambiance rock pop 70s (mais en bien) The Who meets The Clash, résonne. C’est parti pour un torride show rock’n’roll funky des Farriss Brothers And Friends jusqu’à 22h55. Soit une heure cinquante de concert électrique, dynamique, parfait, puissant.
À aucun moment, on aurait l’impression de voir un groupe qui a des rhumatismes dans les sons de guitare, basse ou batterie. Ça sonne super frais, énergique, vivifiant, tonique.
Deux temps morts : “By My Side”, gonflante ballade RTL2, et la nouvelle version de “Beautiful Girl” (qui figure sur le CD “Original Sin” de 2010), grandiloquente, lyrique et assommante à la U2, totalement conçue pour les radios américaines.
Avec un son nickel chrome et pas aseptisé, les morceaux sont super bien joués, dotés d’une indispensable sauvagerie cool de gentlemen ayant roulé leur bosse : “Bitter Tears”, “Suicide Blonde”, “Disappear”, “Kiss The Dirt”, “Elegantly Wasted”, “Devil Inside”, “New Sensation”, etc.
D’ailleurs, toutes les chansons sont tous interprétées de manière très proche des versions studios. Par exemple, le slap de basse funky qu’on entend une fois dans le deuxième couplet de “Listen Like Thieves”. Ou les guitares scintillantes sur le pont de “Suicide Blonde”, etc.
Le fait que les versions studio et scéniques soient très similaires, dans le cas de Les INXS, ça n’est pas du tout gênant. Car on a affaire à un gang soudé, comme des Ricky Banlieue et ses Riverains (dans les BDs “Lucien” de Frank Margerin) australiens, des Joey & The Showmen funky’n’roll du vingt-et-unième siècle.
Andrew Farriss (claviers, un peu de guitare électroacoustique), Jon Farriss (batterie, chœurs), Tim Farriss (guitare, chœurs), Kirk Pengilly (guitares, saxophone), Garry Gary Beers (basse, avec deux amplis géants de deux mètres de hauteur derrière lui, ça fait “Spinal Tap” bon esprit) jouent ensemble depuis 1977.
Avant d’aller les voir en concert, on pourrait penser qu’ils sont blasés de rejouer, par exemple, les mégatubes “Original Sin” (depuis 1984) ou “Need You Tonight” (depuis 1987) à chacun de leurs milliers de concerts. Or, ils semblent heureux d’être sur scène, de bouger, de faire des choeurs, d’interpréter avec plaisir ces titres rock’n’roll incontournables, inoubliables.
Les INXS sont le contraire d’un groupe de rock music (au sens de “formation mastodonte, lourd(ingu)e, vache sacrée intouchable”). Sur scène, en 2011, c’est comme une bande de poteaux qui font du rock’n’roll, à la cool et avec énergie, dans leur garage. Sauf que c’est en public, qu'ils ont du matériel (instruments, sono, ampli, etc.) high tech et probablement de rêve pour tout musicien. Et qu’ils sont connus dans le monde entier depuis vingt-cinq ans.
Kirk Pengilly sourit pour de vrai, sans se forcer, s’amuse avec les personnes du public présentes devant lui quand il envoie tel gimmick de guitare ou qu’il joue ses superbes solos de saxophone (“Never Tear Us Appart”, en hauteur, derrière la batterie de Jon Farriss (1), “What You Need”, brillant solo sur “New Sensation”, etc.).
Jon Farriss est clairement l’un des meilleurs batteurs au monde, catégorie “groupes super connus dans le monde entier”. Une frappe à l’esprit jeune 1 2 3 4 carrée, et à la technique (qu’on n’entend pas, justement, et tant mieux) infaillible. C’est génial de le voir, lunettes fumées, faire virevolter l’air de rien, discrètement et spontanément, ses baguettes, entre deux frappes nettes et puissantes sur sa grosse caisse (un peu comme il le fait dans le scopitone eighties “New Sensation”).
Avec Bobbie Clarke (Vince Taylor sixties, “Les rocks les plus terribles” de Johnny Hallyday 1964) ou Brian Bennett (des The Shadows), Jon Farriss est sans doute l’un des seuls à pouvoir faire des solos de batterie sans qu’on ait direct envie de s'endormir ou que l’on ait la redoutable impression d’assister à une démonstration technique. Par exemple, lors du rappel aux côtés de deux caisses claires utilisées juste à ce moment-là par Andrew et Tim, il délivre un monumental “Drum Opera” enchaîné à “What You Need”, lors du rappel.
Les deux choristes, trentenaires, interchangeables, sont sympathiques et jolies mais pas du tout indispensables. Remplissant leur contrat, elles assurent visuellement la touche sexy féminine (“Suicide Blonde”) et vocalement le côté soul rock de certains titres (“Not Enough Time”). Elles appuient aussi les refrains (“Don't Lose Your Head”, New Sensation”, “Elegantly Wasted”). Elles sont comme des pièces rapportées, rajoutées (l'unique aspect “american entertainment” de ce concert).
Depuis le 3 novembre 2011 (2), l’Irlandais Ciaran Gribbin a une mission impossible à remplir : reprendre la place de chanteur-leader occupé de 1979 à 1997 par Michael Hutchence (3), sans décevoir le public venu voir INXS en concert. Il remporte ce pari. Visuellement et dans la façon de tenir la scène, il n’a pas l’animalité du Hutch’ qu’a ce dernier dans les vidéoclips (“Need You Tonight”, “New Sensation”, “Elegantly Wasted”, “Guns In The Sky”, etc.) ou les DVDs lasers “Mystify (Rockpalast 1997)” et “Live (Wembley 1991)”.
De ce point de vue, on peut faire le parallèle INXS/Les Chats Sauvages, entre Michael Hutchence/Dick Rivers (rocky voyou incontrôlable, en roue libre, aux convulsions freestyle) et Ciaran Gribbin/Mike Shannon (preux chevalier romantique s’en allant, sur son fidèle destrier, retrouver Sa Belle dans son château au bois dormant).
On ne s’ennuie pas pour autant à le regarder se mouvoir. Ciaran fait le show du début à la fin, sans que ce soit surjoué ou outrancier, en étant lui-même, simplement. Ça serait mieux d’ailleurs sans sa veste de soldat old school super serrée, très The Libertines, dans laquelle il semble engoncé et qui ne doit pas aider à se lâcher. Mais il est évident que Hutchence saurait mettre encore plus visuellement allumer le feu et voir grandir la flamme dans les yeux des spectateurs, et surtout des spectatrices.
Par contre, il est impressionnant dans sa façon vocale d’interpréter et de s’approprier les chansons. On retrouve à chaque vers chanté la moindre intonation de Michael Hutchence que l’on entend sur les versions studio originales. Or, on n’a pas pour autant l’impression d’entendre du copier-coller, une diction qui aurait été travaillée de façon laborieuse pour que cela fasse “comme Michael Hutchence”. Simplement, sans aucun doute, comme un fan du groupe qu’il est, il doit connaître par coeur depuis quinze à vingt ans (ou plus) la moindre seconde de musique (et de chant) qu'on peut entendre sur les albums du groupe.
« Si on m’avait dit il y a seulement six ou sept mois que je serais sur scène, au chant, au sein du groupe qui me faisait vibrer quand j’avais 10 ans et que je voyais leurs vidéos sur MTV, et que je suis là, maintenant, à tourner avec eux, à Paris, en Europe ou ailleurs, j’aurais aussitôt répondu : “Mais vous êtes frappadingues !” », dit d'ailleurs (en anglais) Ciaran sur la scène du Bataclan. À partir de là, il chante avec cœur, respect, sincérité, en ne se prenant volontairement pas pour Hutch’. Ces bonnes vibrations positives, le public le ressent. Et du coup, ça roule tout seul, aussi bien du côté des impressions ressenties par le public que dans la connexion/connivence entre les cinq membres historiques du groupe et leur nouveau chanteur.
La set list est excellente. Elle mêle tous leurs titres-tubes rapides incontournables, propose un inédit (“Tiny Summer”, conçu cet été avec Ciaran Gribbin), des morceaux connus des aficionados mais pas du grand public (“Not Enough Time”, “Don’t Lose Your Head”, “Communication”).
“Don’t Change" est délivré en deux versions : celle, céleste, avec Andrew et Kirk aux voix (et aux guitares), accompagnés par la percussion acoustique de Jon (comme sur le récent CD “Original Sin”) et les deux choristes, comme une salutation à leur copain Michael ; et pour le final, celle électrique de 1983.
« See you very very soon, Paris, next year, and God bless you all! », a lancé vers la fin du set Ciaran.
François Guibert
(15 décembre 2011)
(1) : clin d’œil au clip éponyme avec cette scène où on le voit filmé en travelling dans un cimetière en plein jour tandis que Michael Hutchence marche de profil.
(2) : date du premier concert qu'il a donné avec INXS,
à Arequipa (Pérou).
(3) : puis par Terence Trent d’Arby le temps d’un concert dans un stade à Sydney (Australia) en 1998, Jon Stevens de 2000 à 2004, puis JD Fortune de 2005 à août 2011.
GUIBERT FRANCOIS
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