RACHID TAHA "Zoom" 16/05/2013 Trianon : compte rendu
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RACHID TAHA "Zoom" 16/05/2013 Trianon : compte rendu
RACHID TAHA
en concert
le jeudi 16 mai 2013 à 19h
au TRIANON (Paris).
Nouvel album 2013 : "ZOOM"
Dernière édition par GUIBERT FRANCOIS le Lun 19 Aoû - 0:15, édité 1 fois
GUIBERT FRANCOIS
Re: RACHID TAHA "Zoom" 16/05/2013 Trianon : compte rendu
Nouvelle page spéciale
« Compte rendu des concerts “ZOOM” de RACHID TAHA
— le 16 mai 2013 au TRIANON (Paris), avec MICK JONES et d'autres invités
— et le 12 juillet 2013 sur la place de la République (Paris) »
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RACHID TAHA
Concerts “ZOOM”
• le jeudi 16 mai 2013 au TRIANON (Paris), avec MICK JONES et d’autres invités
• Et le vendredi 12 juillet 2013, sur le podium Ouï FM, place de la République (Paris) :
“Zoom” est le meilleur album de Rachid Taha, le plus riche, le plus complet et solide. Rachid retrouve ici la flamme de la créativité avec laquelle il a conçu le disque de référence “Made In Medina” (2000).
Les trois opus suivants, “Tékitoi” (2004), “Diwan 2” (2006) et “Bonjour” (2009, avec Gaëtan Roussel à la production), ne sont pas du tout déshonorants ni mauvais. Simplement, leur réalisation comme la plupart des chansons qui y figurent ne possèdent pas l’étincelle attractive que l’on entend sur le nouveau disque.
Dès la première écoute (et les suivantes), “Zoom” donne illico l’envie d’aller revoir Rachid Taha en concert. En espérant qu’il interprétera un maximum de ces nouveaux titres.
Ces dix nouvelles chansons, plus la vision 2013 de “Voilà voilà”, condensent plus de trente ans de savoir-faire rhorhomanien. Elles mêlent rock’n’roll, blues, soul, musiques orientales, regardant vers des figures historiques (Oum Kalthoum, Elvis Presley) et le futur. Avec, donc, une sorte de seconde jeunesse, un nouveau souffle pour Taha.
Justin Adams assure avec brio la réalisation du disque, dense, variée, chaleureuse, avec un spectre sonore à 360 degrés. Brian Eno est au copilotage sur la nouvelle version de “Voilà voilà”.
Rappel : Mick Jones, membre du groupe The Clash, a fait les choeurs sur l'éclatante version studio de “Rock El Casbah” (album “Tékitoi”, 2004). Concernant le nouvel opus 2013, il chante et joue de la guitare sur “Jamila”, “Algerian Tango” et “Voilà voilà”.
Le 16 mai au Trianon, Rachid Taha propose un show époustouflant, ultra rock’n’roll, vivant et historique.
Le public, au taquet, 100 % concerné, participe et danse, aux balcons comme dans la fosse. Les bonnes vibrations sont partout dans la salle dès la ballade arabo-western “Galbi”. Dès ce morceau, le show roule comme sur des roulettes. Il y aura beaucoup de spontanéité, d’improvisations entre les musiciens, en interactivité avec le public.
Dans l’esprit, l’intensité et la générosité, ce show “Zoom” fait penser aux trois ultimes concerts donnés à Paris par Joe Strummer & The Mescaleros à l’Elysée-Montmartre en 1999 et 2001.
Le groupe 2013 de Taha sonne en effet comme des Clash du vingt-et-unième siècle. La musique jouée par l’ultrafidèle complice Hakim Hamadouche (mandoline, luth), Maxime Delpierre (guitare), Juan de Guillebon (basse), Kenzy Bourras (claviers) et Guillaume Rossel (batterie) est compacte, soudée (1). En même temps, elle est truffée de sons orientaux et électriques.
Rachid Taha, bête de scène, assure le show en leader, avec sa façon bien à lui de marcher et de se déhancher sur la scène. Tout en laissant l’espace nécessaire pour ses musiciens et ses invités. L’ensemble donne une fournaise musicale torride. “Rock El Casbah” Spirit !
Haut chapeau feutre noir, long manteau de même couleur, cravate rouge, Rachid poursuit avec l’envoûtante “Jamila”. Hormis le changement de prénom dans l’intitulé, le texte reprend l’intégralité des paroles du premier (maxi) 45 tours de Carte de Séjour, “Zoubida”. La musique et la mélodie sont, elles, totalement différentes. Elles sont beaucoup plus intéressantes et abouties (chose logique avec trente ans d’expérience dans les pattes).
Comme sur le CD “Zoom”, durant le refrain, on entend dans la sonorisation le sample de la voix de Mick Jones (pas encore arrivé sur scène). Quelques phrases traduites en français : « Elle vivait sa vie / Avec ses joies et ses rêves / Un jour, son père / Décida de la marier / Sans la consulter / (…) Son frère, sa mère / Ne furent d’aucun réconfort / (…) Jamila ne sut quoi faire d’autre / Que se donner la mort / Des Jamila, il y en a tant d’autres / Toutes ont connu la même fin / Houria, Fatima, Kheïra, Aïcha… »
Le morceau titre, “Zoom sur Oum”, est en français. Sur les couplets en live, si on n’a pas assimilé les paroles signées Jean Fauque en ayant écouté le CD auparavant, on ne les comprend pas. Cela sera aussi le cas lors du concert du 12 juillet 2013, place de la République à Paris. Le reste du temps et du set, Rachid Taha est un très grand chanteur de rock’n’roll.
Son timbre freestyle est rauque, blues même, plein de groove rocky sauvage. Il est beaucoup plus passionnant à écouter que celui de Khaled, Faudel ou Cheb Mami, auxquels Taha est souvent, à tort, associé. À part le mégashow “1, 2, 3 soleils” à Bercy en 1998 avec les deux premiers artistes précités, il n’a rien en commun avec ces interprètes de douce variété raï.
La chanson “Meftuh” est jouée de façon quasi méconnaissable, beaucoup plus affûtée et sauvage que sur l’album “Tékitoi” (2004) d’où elle est extraite. Les sons de guitare sont acérés, mordants. Cette version live, débarrassée de la prod’ studio sucrée et surchargée, est un régal. Un super morceau électrique.
Mick Jones arrive sur scène pour accompagner aux chœurs, au chant sur le refrain et à la seconde guitare le gang de Rachid sur “Algerian Tango”. Ce reggae rock n’a en fait pas grand-chose à voir avec le tango à l’ancienne. C’est plutôt une sorte de “Bankrobber” à l’atmosphère arabisante.
Le héros guitariste d’Angleterre retourne ensuite dans la coulisse. Au tour de Rodolphe Burger, l’ancien monsieur en chef de Kat Onoma, d’amener des sons de guitare blues sur la chanson saccadée “Les artistes”. Il shake, rattle et rolle ses longues jambes en avant, en arrière, pliant ses genoux, s’élançant, etc., tout en jouant de la guitare. Clairement un homme de scène.
En duo avec la jeune Jeanne Added, Rachid rend hommage à l’un de ses Kings, Elvis Presley. Ils transforment la doucereuse mélopée italienne de “It’s Now Or Never” en une tournerie langoureuse arabo-américaine, avec un esprit melting-pot bien français.
Mick revient enfin sur scène, cette fois pour ne plus la quitter, hormis sur un ou deux titres, ainsi que durant la prestation solo & voix de Hakim Hamadouche avant “Ya Rayah”. Rodolphe aussi est de retour.
“Bent Sahra” (issu de l’album à succès “Diwân”) est l’un des classiques de scène, roots et hypnotiques, de Taha depuis 1998. Un genre d’invocation à la danse et à la transe, appuyé par les riffs de guitare électrique.
Avec son implacable et métronomique son de guitare en boucle, autour duquel l’arrangement est construit, l’immense “Barra Barra” est le plus grand titre de Rachid Taha. Même si ce n’est pas le plus connu. Ce rock extra-terrestre, au tempo lancinant est hyper carré, atypique et novateur.
Le texte de “Barra Barra”, traduit en français, décrit un univers déprimant à la “Mad Max” : « Dehors règnent la tristesse / Et l’insécurité / Les oiseaux ont cessé de chanter / (…) Les rivières se sont asséchées / Il n’y a plus que désolation / Enfer et damnation / Plus de respect ni dignité / Obscurité, obscurantisme / Et maisons sans vie / Le soleil, lui, a préféré / Aller se coucher » Mais justement, la musique de ce morceau donne du dynamisme, de la pêche, l'envie de se bouger.
La chanson “Écoute-moi camarade” (une reprise du chanteur Mohamed Mazouni), au texte entièrement en français, est très émouvante à entendre. Ses nombreux couplets, presque parlés, sans aucun rythme percussif, contrastent avec le refrain joyeux et dansant.
Après “Yameless” en solo (oud + voix) par Hakim Hamadouche, le mégatube “Ya Rayah” embrase toute la salle avec ses samples de cordes irrésistibles.
Avec Taha et son groupe, les relectures live de “Should I Stay Or Should I Go” (Mick au chant lead et à l’une
des guitares) et “Rock El Casbah” (Mick aux chœurs sur le refrain, toujours à la six-cordes) sont monumentales. Elles permettent d’imaginer la puissance et la fulgurance scéniques des Clash. Lorsque par exemple ils ont joué plusieurs soirs au Théâtre Mogador pour défendre le triple album “Sandinista !”.
Voir Mick Jones chanter, jouer de la guitare, s’éclater pendant tout le concert, heureux comme un gamin, à quelques mètres de soi est un énorme cadeau qu’offre Rachid Taha à son public parisien et banlieusard.
En 2013, le texte de “Voilà voilà” garde la même pertinence, une acuité identique que lors de sa création
et de sa première version vingt années plus tôt. Les arrangements nerveux, électriques réalisés par Justin Adams (producteur artistique du CD “Zoom”), Brian Eno et Mick Jones sont carrément mieux que la pauvre rythmique dance boîte de nuit de l’enregistrement de 1993. Dans la nouvelle version studio (sur le CD “Zoom”), il y a une dinguerie rock’n’roll. Notamment dans le son de basse, la voix de Mick Jones et les guitares.
Ce 16 mai au Trianon, “Voilà voilà” devient une jam session presque jazz world funk via le sax de Thomas Pourquery. Mais qui garde heureusement une solide base rock’n’roll, grâce aux guitares de Mick Jones, Rodolphe Burger et le groupe de Rachid. Christian Olivier (des Têtes Raides) chante quelques phrases, tape sur les cymbales du batteur, etc. Faisant de la figuration, Camélia Jordana esquisse quelques pas de danse,
sans chanter.
Sur “Garab”, ultime morceau, tout le monde se déchaîne, au fur et à mesure que les battements par minute joués avec de “vrais” instruments s’accélèrent. Mick Jones improvise même une danse du ventre, en se mettant la main dessus et levant l’autre bras en l’air, pendant quelques instants. Très bon esprit !
Le vendredi 12 juillet 2013, Rachid Taha joue de 20h50 à 21h45 sur le podium Ouï FM place de la République (Paris). Parmi les quelques milliers de personnes dans le public, bon nombre d’entre elles sont venues pour la tête d’affiche : Eiffel, un groupe de rock sérieux.
Le gang scénique de Rachid, cette fois sans Kenzy Bourras (donc pas de claviers ce soir, les samples provenant sans doute de la console son) ni Mick Jones, propose une sorte de best-of du Taha Sound.
Comme au Trianon, la set list met en avant l’album “Zoom” (quatre morceaux en sont extraits) : “Jamila”, “Zoom sur Oum”, “It’s Now Or Never” (en duo avec Jeanne Added), “Ya Rayah” (repris et dansé par la foule), “Barra Barra”, “Rock El Casbah”. Puis en rappel : “Voilà voilà”, incluant la variante « il ne faut pas que ça recommence » dans les paroles.
Une heure de concert vibrant et carré de Rachid Taha et son groupe, en plein air sur l’une des places symboliques de la capitale. A deux mètres de la scène, on en profite pleinement. Très bonne sonorisation, qui retransmet bien (comme au Trianon le 16 mai) le Taha Rock Sound.
François Guibert
(17 août 2013)
(1) : Ancien clavier sur scène de Taha, Yves Aouizerate (que l’on aperçoit parmi les roadies sur le côté droit de la scène) semble désormais être le régisseur.
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N. B. : Bizarrement, Rachid Taha a droit dans presque chaque interview depuis trois décennies à des questions sur Jean-Marie (des années 1980 à 2000) puis Marine Le Pen. Sur la montée du Front national et sur le racisme. Surtout lorsqu’il est interrogé par les journalistes de télévision, plus que par ceux de la presse écrite spécialisée. C’est comme s’ils n’avaient pas écouté ses albums. Et qu’ils se révélaient incapables d’évoquer avec lui en détail sa musique, ses disques, ses chansons.
Dans son répertoire, il n’y a réellement qu’un seul titre qui aborde de manière explicite ce thème, “Voilà voilà”. Et aussi la reprise de “Douce France” (Charles Trenet), à l’époque de son ancien groupe Carte de Séjour, qu’il ne joue plus en live depuis de très longues années.
Dans les autres morceaux, Rachid parle des émotions de la vie : l’amour (heureux ou malheureux), l’envie de liberté, la sensation d’étouffement, la fête, la joie, la solitude, le bonheur, la tristesse, la musique, etc. Et de certains problèmes concrets (l’obtention de visas pour “Les artistes”), les mariages forcés, mais de façon poétique, pas terre à terre.
Rachid Taha est un rocker, au même titre que, par exemple, Johnny Hallyday. Dans ce cas-là, pourquoi ne pose-t-on quasiment jamais à ce dernier, ou à tout autre chanteur français (de rock’n’roll, de variété, etc.), des questions sur l’extrême-droite ?
GUIBERT FRANCOIS
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