Film "BAMBI" (2013, Séb. Lifshitz) : impressions
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Film "BAMBI" (2013, Séb. Lifshitz) : impressions
Nouvelle page spéciale
« Film-documentaire “BAMBI” (2013) de SÉBASTIEN LIFSHITZ :
impressions »
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Avant-première du film-documentaire “BAMBI” (2013) de SEBASTIEN LIFSHITZ
en présence de ce dernier et de BAMBI
Jeudi 25 avril 2013 au Gaumont Opéra (Paris) :
« Je suis très heureux de voir cette salle pleine », déclare Sébastien Lifshitz, réalisateur de ce documentaire consacré à Bambi, aux côtés de cette dernière, face aux quatre cents spectateurs et spectatrices (dont Marie France, cheveux blonds ondulés, radieuse et charismatique). « Je remercie Bambi du fond du cœur, poursuit-il. Faire un documentaire où l’on raconte sa vie, c’est s’exposer, se dévoiler, et Bambi a joué le jeu. Nous sommes allés sur les terres de son enfance, en Algérie, aux Issers. »
Bambi prend ensuite la parole et le micro : « Je remercie à mon tour Sébastien. Car participer à ce film m’a donné l’occasion de vivre quelque chose de nouveau. Ce n’est pas évident de se raconter, de parler de soi. Il a su s’y prendre. Merci à lui de m’avoir permis de m’exprimer. »
En guise de générique, avec en bande son le titre “Qu’on est bien” chanté par Bambi, défilent des images d’archives Super 8 en couleur de Bambi dans les années 1960 et 1970.
Première image du film : sous un ciel bleu éclatant, vêtue d’un imperméable beige, de dos et sur un bateau en mer, Bambi en 2012 regardant sa terre natale, l’Algérie, à quelques centaines de mètres.
Tout au long de ces soixantes minutes, Sébastien Lifshitz alterne par un montage minutieux et soigné images d’archives et séquences d’un long et très intéressant entretien (de face, assise dans un appartement, puis à la fin du film dans une salle de classe) de Bambi en 2012, découpé en de nombreuses séquences.
Durant ce documentaire, on découvre une multitude d’images rares, filmées aussi en Super 8. On y voit Bambi ainsi que ses collègues et amies de cabaret, dans les loges, sur scène, en train de chanter, chez Madame Arthur, au Carrousel, dans les rues de Paris.
« J’avais un désespoir en moi. (…) Lorsque j’étais enfant, je voulais coudre, tricoter, faire des petits napperons, broder. (…) J’ai cessé de me voir comme on me percevait pour me voir autrement, moi-même. C’était un grand travail de construction, de reconstruction, qui allait durer jusqu’à mes 18 ans. »
On voit ensuite Bambi au volant d’une voiture, rouler sur une autoroute pour entrer dans la ville, Les Issers (et ses environs), où elle a vécu dans sa jeunesse. « Alors franchement, c’est tellement moderne que je ne reconnais rien du tout. » Après quelques hésitations et recherches, « c’est ma rue », dit-elle.
À l’évidence, elle est submergée d’émotions — comme à chaque séquence où, filmée par Sébastien Lifshitz, on la voit aujourd’hui marcher dans ces rues et ces lieux qu’elle n’avait pas revus depuis de nombreuses années.
On la voit frôler avec sa main, toucher les murs d’un garage à la peinture usée. « C’est le garage de mon père. Ma chambre d’enfant était située juste derrière. Dans cette chambre, il y avait une fenêtre qui donnait sur le large. J’ai beaucoup rêvé, pensé, imaginé dans cette chambre. C’est là que j’ai pris toutes les décisions capitales de ma vie. »
Bambi raconte ensuite qu’elle a fait la connaissance d’une femme, Rosette, tout de suite compréhensive vis-à-vis d’elle, et qui tenait un bar. Elle a dit à Bambi : « Et si vous commenciez par être serveuse au bar ? » Chose que Bambi accepte bien volontiers. Là, elle fait la rencontre de Ludo, qui sera son premier amour (malheureux) et qui, par certaines paroles, blessera à vie la jeune Bambi.
On entend ensuite en bande son la chanson “Chercher la femme” interprétée par Coccinelle, ainsi que des séquences d’archives couleur représenant celle-ci et la troupe du Carrousel en représentation. « En 1952, la troupe du Carrousel de Paris se produit au casino de la Corniche, à Alger. Rosette me dit “Dans cette troupe, il y a Coccinelle, une petite Parisienne extraordinaire”, et propose de m’y emmener. Je trouve le spectacle étourdissant. Ça a été une bouffée d’oxygène, une certitude. J’avais trouvé ce que, dans mon esprit, je n’arrivais pas à définir. Tout ce qui était pour moi du domaine du rêve devenait enfin réalisable. »
Bambi raconte ensuite qu’elle discute avec sa maman et que pour elle (Bambi), c’est une évidence : il faut qu’elle aille vivre à Paris. Sa mère accepte, constatant la détermination de Bambi. « Arrivée à Paris, poursuit Bambi, je suis allée voir le directeur du Carrousel qui me dit :
“Tu as quel âge ? Tu sais chanter ?”
– Non
“Tu sais danser ?”
– Non.
“Bon, disait-il en riant, c’est pas grave. Tu vas débuter chez Madame Arthur". »
« Au début, le climat me faisait horreur à Paris, je trouvais le froid épouvantable. (…) J’ai alors beaucoup à découvrir. Je me découvre moi-même. Je me découvre chanteuse. Chez Madame Arthur, je chantais un titre à minuit moins le quart puis un autre à 4h du matin. C’est tout ce que je faisais pour l’instant. (…) De toute façon, il n’y avait pas le choix : soit on travaillait au Carrousel, soit on vivait de ses charmes. »
À intervalles réguliers, au cours du documentaire, on entend des chansons interprétées par Bambi ou par Coccinelle, dont une qui dit entre autres : « Il vous faudrait une femme / Mais pas n’importe laquelle / (…) Une femme que vous pourriez garder à la maison / (…) Une femme comme moi »
Plusieurs séquences des coulisses de chez Madame Arthur ou du Carrousel, filmées en couleurs et en Super 8, montrent l’ambiance artisanale, primesautière et survoltée qui y régnait. Avec aussi les inévitables mais sympathiques chamailleries et tacites rivalités féminines.
« Dans les loges, il y avait beaucoup de zizanie mais aussi de mots d’esprits : j’étais en-chan-tée ! Ça me faisait rire, elles se picotaient les unes les autres. On se disait qu’on n’était pas jalouses, mais au fond de nous, on l’était », dit Bambi, sur un ton astucieux et souriant. « Lorsqu’on rentrait dans cette loge et qu’on avait parfois le moral complètement à plat, les ennuis disparaissaient aussitôt pour ne recommencer qu’à la sortie du cabaret. (…) Je veux bien ne pas choquer la société mais je veux qu’on me laisse vivre ma vie. C'est cette résistance qui a vaincu, en quelque sorte, les résistances de la société. Ça, je l’ai toujours en moi aujourd’hui. »
Au fil de ses prestations dans les cabarets, Bambi remporte un vif succès. « Ça joue un grand rôle, la réputation, le fait qu’on parle beaucoup de vous. » Bambi raconte qu’elle a fait venir sa maman à Paris pour lui montrer ce qu’était réellement le Carrousel, l’endroit où elle travaillait, et que ce n’était pas un lieu de “dépravation” comme sa maman devait l’imaginer. « Ma mère est arrivée à Paris avec sa sœur. Lorsque je suis entrée en scène, j’ai vu ma mère pleurer. Ça ne m’a pas du tout intimidée. » Bambi dit qu’au contraire, elle a du coup chanté avec plus de force et d’allant. « Il a fallu que ma mère, tout au long de sa vie, supporte le regard des autres, de la famille, ce qu’on lui disait de moi. Je ne sais pas si ma mère a compris. Je ne le saurai jamais, elle ne m’en a jamais parlé. »
Bambi évoque aussi la rencontre avec son amie, Ute, l’une des personnes primordiales de sa vie. « Elle avait de grands yeux. Ute était un spectacle à elle toute seule. Lorsqu’on dansait ensemble, c’était une attraction mystérieuse, presque scandaleuse. Je me scandalisais presque moi-même. Pourtant, je ne voulais pas faire de provocations. Je voulais vivre ma vie, c’est tout. » Bambi dit qu’elle « n’imagine pas la vie sans Ute », avec qui elle continue de vivre au quotidien.
Autre élément important de ce film : l’humour espiègle, spontané, frondeur et farceur avec lequel parfois Bambi raconte des anecdotes. Ainsi, à propos du temps qui passe, elle raconte qu'« il y avait un monsieur qui venait régulièrement me voir sur scène et qui m’a dit un jour : “Tiens, voilà la vieille gloire !” Je n’avais que 26 ans. » Et elle savait qu’elle était, malgré cette remarque potache et balourde, en pleine possession de ses charmes.
Elle dit également, avec ses propres mots, qu’on sait bien que la jeunesse n’est pas éternelle, que c’est ainsi. Et qu’elle, Bambi, ne pourrait rester indéfiniment au cabaret. « Aussi, en 1968, je passe le baccalauréat et la licence. Et me voilà salariée de l’Éducation nationale dans la banlieue de Strasbourg. Je pars là-bas avec armes et bagages. »
On retrouve Bambi interviewée toujours en 2012 par Sébastien Lifshitz. Cette fois, elle est dans une salle (vide) de classe. Sans aucun doute s’agit-il du collège Pablo-Picasso de Garges-les-Gonesse (Val-d’Oise), où elle a enseigné dans les années 1970, 1980 et 1990. Bambi dit alors que, durant sa carrière d’enseignante, la principale chose qu’elle redoutait, c’était qu’un élève, un parent d’élève, un professeur lui dise soudainement : « Mais je vous ai déjà vu, vous n’êtes pas Bambi du Carrousel (ou de chez Madame Arthur) de Paris ? »
Elle dit qu’elle guettait le moindre regard appuyé ou interrogatif, un soulèvement de sourcil, un air intrigué, etc. Mais cela n’est jamais arrivé. « Quelque chose me protégeait de façon fondamentale : c’est que personne, absolument personne, ne pouvait imaginer qu’on pouvait sortir du Carrousel de Paris et entrer ensuite à l’Éducation nationale ! » (rires de Bambi lors de cette interview, toute la salle rigole plein pot — comme à plusieurs reprises lors de la projection)
« Pendant vingt-neuf ans, j’ai adoré enseigner. Pour moi, c’était essayer de montrer qui on est, ce qu'on veut au plus profond de soi. »
François Guibert
(28 avril 2013)
Le film-documentaire “BAMBI” (2013) de SEBASTIEN LIFSHITZ sera diffusé le 4 juin 2013 à 22h35 sur Canal +.
Il sortira en salles le 19 juin 2013 au MK2 Beaubourg (Paris), puis en DVD le 25 juin 2013.
Bande annonce officielle sur ce lien (à copier-coller) :
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=-vmpFh0ssDI
GUIBERT FRANCOIS
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